La Sorcière et le Démon
La nuit
s’était levée comme une malédiction.
Le vent faisait gémir les portes, et la lune,
Ronde et blanche, éclairait la clairière
où elle l’attendait.
Nue sous un manteau de velours noir,
La sorcière portait autour du cou un ruban
écarlate.
On aurait
dit une marque, une promesse faite au Diable lui-même.
Elle
n’avait pas peur.
Pas cette
nuit.
C’était celle du pacte. Celle où les âmes
 Se livrent et où les corps se consument.
Il vint
sans bruit.
Une ombre
d’homme, un souffle de fer et de soufre.
Son regard ne contenait ni tendresse, ni colère.
Seulement la certitude du pouvoir.
Quand il
parla, sa voix fit trembler l’air :
« Te voilà prête à me servir, à m’appartenir,
A être marquée par la nuit. »
Elle
inclina la tête.
Le démon posa sa main sur son épaule, et tout sembla
 S’effacer autour d’eux : le vent,
la terre, le froid.
Il n’y avait plus qu’elle et lui et ce lien
Invisible qui serrait son âme.
La
clairière devint sanctuaire.
Les flammes du cercle dansèrent plus haut,
Projetant sur leurs peaux des ombres
mouvantes.
Les murmures anciens s’élevèrent, pareils à
Des prières que nul mortel ne devait
entendre.
Chaque geste du démon semblait un rite :
 Lent, calculé, d’une précision sacrée.
La sorcière plia sous la force du sort,
Entre dévotion et effroi.
Mais plus
il la dominait, plus elle s’offrait.
Plus elle
s’offrait, plus elle se sentait libre.
Quand le
pacte fut scellé, le feu s’éteignit d’un seul coup.
Le
silence retomba comme une caresse.
La
sorcière leva les yeux : le démon avait disparu.
Mais dans
son regard brillait encore la flamme.
Celle du
mal, du plaisir, et de la soumission absolue.
Cette
nuit-là, elle ne fut pas damnée.
Elle fut
révélée.
©
copyright Marc Vongotha 63
















