Consentement
: Pourquoi une obsession ?
La notion
de consentement occupe une place centrale dans le BDSM. Elle est omniprésente,
quasi incontournable dans toute introduction ou exploration de cette pratique.
Sur les forums, dans les articles spécialisés ou lors des discussions entre
initiés, le consentement est un sujet récurrent, parfois débattu avec passion.
Pourquoi cet intérêt ? Pourquoi cette insistance presque obsessionnelle dans un
domaine où les participants sont souvent bien informés et préparés ?
Comparaison
avec d'autres activités
Prenons
du recul. Lorsqu'on parle de sports dangereux, comme la boxe ou les arts
martiaux, la question du consentement ne fait que rarement surface. Elle est
implicite, considérée comme acquise : les participants savent dans quoi ils
s’engagent. Même dans le cadre des relations sexuelles classiques, le
consentement est souvent présumé, bien que cette hypothèse mène parfois à des
dérives. Mais dès qu’il est question de BDSM, le consentement devient une
pierre angulaire, au point d’être systématiquement explicité.
Le BDSM :
un cadre unique
La raison
de cette obsession réside dans la nature même du BDSM. Cette pratique, qui peut
inclure douleur, domination, contraintes ou jeux psychologiques, flirte souvent
avec des actes qui pourraient être perçus comme abusifs sans un accord
explicite et réfléchi entre les parties. Le consentement dans le BDSM dépasse
largement le simple « oui » tacite ou verbal. Il s'agit d'un contrat moral,
parfois explicite, où chaque partenaire connaît ses limites, ses envies et
accepte celles de l'autre.
Ce besoin
de clarté découle aussi de la méconnaissance du BDSM dans la société générale.
Face à des idées reçues et des jugements hâtifs, les pratiquants ressentent
souvent le besoin de surinsister sur la notion de consentement pour contrer les
préjugés qui associeraient automatiquement BDSM et abus.
Pourquoi
cette complexité ?
Contrairement
à d'autres domaines où le consentement peut sembler évident, le BDSM s'inscrit
dans une zone grise émotionnelle et physique. Il explore des limites, joue avec
des tabous et, parfois, pousse les participants dans des zones d’inconfort
volontairement acceptées. Ainsi, une pratique consensuelle peut, de
l'extérieur, ressembler à une violation de la volonté. Cette ambiguïté exige un
cadre clair et une communication sans faille.
Les
fondements : SSC, RACK et PRICK
Trois
grandes approches résument les lignes directrices autour du consentement dans
le BDSM :
SSC
(Safe, Sane, Consensual) : Une approche classique qui met l'accent sur la
sécurité, la rationalité et le consentement.
RACK
(Risk-Aware Consensual Kink) : Plus nuancé, il accepte que certaines pratiques
comportent des risques, mais insiste sur l'importance d'en être pleinement
conscient.
PRICK
(Personal Responsibility in Consensual Kink) : Encourage les pratiquants à
prendre la responsabilité personnelle de leurs décisions et actions.
Pourquoi
le consentement n'est pas une évidence ?
L’une des
réponses tient au fait que le BDSM explore des zones sensibles et interdites.
Ces pratiques vont parfois à l’encontre des normes sociales ou de ce que l’on
associe traditionnellement à des relations consensuelles. Cette transgression
même demande une vigilance accrue.
De plus,
certaines personnes non initiées peuvent avoir du mal à comprendre que ce qui
peut sembler violent ou dégradant de l'extérieur est en réalité profondément
consensuel et même souhaité par les participants.
Vers un
consentement éclairé et durable
Dans le
BDSM, le consentement n'est pas un simple feu vert donné une fois pour toutes.
Il s'agit d'un processus continu, évolutif, qui inclut :
Une
communication claire avant, pendant et après la scène.
Une
révision régulière des limites et des envies.
La
possibilité de retirer son consentement à tout moment sans jugement.
Enfin, il
est crucial de rappeler que le consentement, dans le cadre du BDSM comme
ailleurs, repose sur l'équilibre des pouvoirs et la capacité de chaque partie à
s'exprimer librement et en toute sécurité.
Conclusion
Le BDSM
est peut-être l’une des rares activités où le consentement est si
scrupuleusement analysé et explicité. Cette rigueur témoigne d’un profond
respect entre partenaires et d’une volonté de créer des expériences
épanouissantes, sans ambiguïté ni abus. À une époque où le respect des limites
individuelles prend de plus en plus d’importance, le BDSM pourrait être vu
comme un modèle, non seulement pour les pratiques sexuelles, mais pour toutes
les interactions humaines.
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