"Plaisirs littéraires : Érotisme et Soumission"
"Bienvenue dans notre espace dédié à la littérature érotique et SM, où les mots prennent vie pour explorer les profondeurs du désir et les subtilités de la soumission. Ici, vous découvrirez des auteurs audacieux, des œuvres captivantes, et des idées de lecture qui éveilleront votre esprit et enflammeront vos sens. Que vous soyez curieux ou passionné, laissez-vous guider dans cet univers où l'imaginaire sublime la volupté et la transgression. Bonne découverte et lectures enivrantes !"
Le Fouet de
Martine Roffinella
"Le
Fouet" de Martine Roffinella est paru en 2000 chez Phébus puis en édition
limitée dans la collection Points en 2009. Je vous recommande vivement la
lecture de ce bref récit de 125 pages, dont tout est résumé dans le premier
chapitre que voici :
"
J'ai longtemps accepté sur mon corps ce que je rêvais d'infliger aux autres.
Des coups. Des punitions méritées. Des châtiments exemplaires pour mes fautes
commises.
J'exposais
mon dos aux griffures, aux sillons gravés par la boucle d'une ceinture. Aux
écorchures laissées par des ongles précis et rapides. Faufilage incessant d'une
machine à coudre, qui rectifiait ma peau par endroits pour l'agrafer ailleurs.
J'étais couverte de "pièces", de tissus de chair superposés. Plus les
zébrures me transformaient en chandail raccommodé, plus je désirais être
ravaudée, vulgairement rapetassée. Pour tenir encore. Et affronter d'autres
crachats. L'insulte qui accompagnait le geste me portait quelquefois au plaisir
; au cri unique que je lâchais, haletante, pétrie de douleurs et de pardons
enfin accordés.
L'instant
qui suivait l'orgasme virait évidemment au cauchemar.
La
mouillure que je sentais glisser à mon entrejambe l'interdisait la rédemption.
Ma mouillure odorante, gluante ; cette fange liquoreuse issue de mon sexe
indiscipliné. Une assemblée de morts surgissait dans mon lit bientôt transformé
en espace d'accusation. Tel oncle décédé revenait me fustiger ; tel grand-père
me rappelait que j'avais connu ma première relation interdite le jour de son
enterrement.
Au bout
du compte, Dieu finissait toujours par me condamner à l'Enfer. Ici. Parmi les
femmes. Victime expiatoire des femmes.
Leur
putain, en somme. Et jusqu'à la nuit des temps.
Je me
vengerai, c'est sûr. D'ailleurs, j'ai acheté un fouet."
– Que
fais-tu avec ce fouet ? me demande Jacqueline en rentrant de son travail. –
Rien. J’ai trouvé drôle de l’acheter. La dame de la boutique n’en revenait pas.
– Mais il ne te servira à rien... Nous n’avons même pas de chien à la maison. -
Pas encore, dis-je simplement. » Celle qui dit « Je » ne tourne pas autour des
mots. « J’ai longtemps accepté sur mon corps ce que je rêvais d’infliger aux
autres. Des coups. Des punitions méritées. » Un fouet dans sa main va l’aider à
inverser en elle le courant du désir, à vivre le sexe autrement que comme une
humiliation consentie. Elle écume les quartiers chauds de Paris, puis les
quartiers chics – où les dames du meilleur monde, surprises à l’heure du thé,
cèdent sous la menace à ses caprices. Perversité, diront les âmes sages.
Peut-être, mais c’est qu’aussi la vie – et le monde – ont été conçus par un
Dieu pervers... même si nous prétendons l’inverse pour tenter de nous rassurer
à bon compte. Une perversité en tout cas qui refuse le mensonge. Et qui ne va
pas sans style.
Depuis
Marc Cholodenko, rares ont été ceux, ou celles, qui ont osé pareille mise à nu,
et qui l’ont fait avec cette belle rage.
Martine
Roffinella est née en 1961. Elle connait un premier succès retentissant avec
Elle publié aux Éditions Phébus en 1988. Elle est l’auteur d’une dizaine
d’ouvrages (quasiment tous parus chez Phébus) portant sur les relations
amoureuses et les rapports de domination et sur l’obsession qu’elles peuvent
engendrer.
Le Fouet de Martine Roffinella