samedi 22 février 2025

Georges Pichard (1920-2003)

 


 

Une figure singulière

 

Georges Pichard (1920-2003) est une figure incontournable de la bande dessinée érotique, connu pour son style graphique raffiné et ses thèmes audacieux. En explorant des sujets tels que la domination, la soumission et la transgression, il a brisé les conventions artistiques et culturelles de son époque. Souvent critiqué pour l’érotisme explicite de ses œuvres, il est aujourd’hui reconnu comme un artiste en avance sur son temps, dont les créations continuent d’influencer le monde de la bande dessinée et de l’art.

 

Georges Pichard est un dessinateur et scénariste de bande dessinée né en 1920 et décédé en 2003. Classé parmi les principaux représentants de la bande dessinée pour adultes, Pichard aime surtout mettre en scène des femmes bien en chair aux prises avec l’adversité, comme Blanche Épiphanie, Ténébrax, Paulette, Caroline Choléra, et surtout Marie-Gabrielle de Saint-Eutrope, album réédité par Glénat en 2009.



 Parcours artistique : Un cheminement audacieux

 

Diplômé des Beaux-Arts de Paris, Georges Pichard commence sa carrière comme professeur d’arts plastiques. Pendant plusieurs années, il exerce dans un cadre conventionnel, enseignant les bases du dessin et de l’illustration. Cependant, son intérêt pour l’art érotique et la narration graphique le pousse à explorer d’autres voies.

 

Dans les années 1960, il rejoint des magazines tels que Pilote et Hara-Kiri, connus pour leur ton provocateur et satirique. Sa rencontre avec Georges Wolinski marque un tournant dans sa carrière, donnant naissance à des collaborations fructueuses comme la série Paulette.

 

Anecdote : Durant ses années d’enseignement, Pichard menait une double vie artistique. Sérieux et respecté par ses élèves, il travaillait en parallèle sur des dessins érotiques qu’il gardait secrets avant de les publier.

 

Style et thématiques : Une signature unique

 

Le style graphique de Georges Pichard est immédiatement reconnaissable. Inspiré par l’Art déco et la ligne claire, il développe un trait élégant et précis, mêlant esthétisme et audace. Ses dessins se caractérisent par une attention délicate aux détails, que ce soit dans les drapés des vêtements ou les motifs géométriques des décors.

 

Sur le plan thématique, Pichard explore des sujets tels que la domination, la soumission, et le fétichisme, souvent dans des cadres historiques ou fantastiques. Ses récits reflètent un mélange d’érotisme et de critique sociale, mettant en lumière les rapports de pouvoir dans des contextes exagérés.

 

Anecdote : Pichard considérait que l’érotisme était une forme d’art totale, permettant d’explorer les limites de la liberté artistique tout en provoquant une réflexion chez le spectateur.

 

 Œuvres majeures : Entre érotisme et satire

 


"Paulette" : Créée en collaboration avec Georges Wolinski, Paulette est une héroïne libertine et provocante, symbole de l’émancipation sexuelle des années 1970.

Anecdote : Paulette fut accueillie comme une icône féministe par certains, malgré ses situations souvent grotesques ou érotico-burlesques.


Jeune et jolie femme, Paulette Gulderbilt est une riche héritière qui s'ennuie. Accompagnée de son vieil ami Joseph qui a été transformé en une désirable femme par une taupe possédant des pouvoirs magiques, Paulette va vivre un tas d'aventures excitantes.

Avec cette histoire un peu légère et propice à dévoiler les charmes de la jolie Paulette, les auteurs jouent sur la carte érotique mais au-delà en profitent pour intégrer à leurs histoires parfois rocambolesques la situation politique française, le communisme ou encore la guerre du Viêt Nam.





"Marie-Gabrielle en Orient" : Ce récit plonge le lecteur dans un monde orientaliste fantasmé, où l’asservissement sensuel est au cœur de l’intrigue.

Anecdote : Le succès de cette bande dessinée a surpris son éditeur, qui craignait initialement des problèmes de censure.

 

"L’Empire des sens" : Inspiré des pratiques BDSM, ce récit explore les limites du pouvoir et du désir dans des contextes souvent extrêmes.

 




















Réception et controverse : Entre admiration et censure

 

Les œuvres de Pichard ont suscité de nombreuses controverses à leur époque. Certaines furent censurées ou interdites, jugées trop explicites pour un large public. Cependant, elles ont également attiré l’attention des cercles intellectuels, qui voyaient dans ses dessins une critique sociale voilée sous des thèmes érotiques.

 

Anecdote : En 1974, Marie-Gabrielle en Orient a même été cité au Parlement français dans des débats sur la permissivité culturelle.

 

 L’héritage : Une reconnaissance tardive

 

Après sa mort, l’œuvre de Georges Pichard a été réévaluée et reconnue pour sa portée artistique. Des rétrospectives et des rééditions de ses bandes dessinées ont permis de présenter son travail à une nouvelle génération de lecteurs.

 

Anecdote : En 2001, une rétrospective organisée à Paris a souligné l’influence de Pichard sur l’érotisme contemporain, plaçant son travail aux côtés de grands artistes comme Manara ou Crepax.

 


Conclusion

 

Georges Pichard a su défier les conventions artistiques et sociétales, créant une œuvre qui transcende le simple érotisme pour atteindre une dimension artistique et critique. Aujourd’hui encore, il reste une référence incontournable pour quiconque s’intéresse à l’art érotique et à la bande dessinée transgressive.