dimanche 30 mars 2025

Dans le silence complice de sa chambre, elle avait enfin osé.

 






Dans le silence complice de sa chambre, elle avait enfin osé.

 

La femme qu'elle était devenue, mûrie par les épreuves et les étés, avait longtemps porté le poids d’interdits qu’elle n’avait jamais osé briser. Pourtant, ce soir-là, quelque chose en elle avait changé. Peut-être était-ce cette solitude qu’elle n’avait jamais vraiment apaisée, ou ces livres posés sur sa table de chevet, qui lui avaient parlé d’une liberté qu’elle n’avait jamais goûtée.

 

Elle s’est laissé dépouiller de sa honte par ses doigts, ses mains qui savaient prendre soin de ses vices. D'abord, avec une timide lenteur, comme si elle s'excusait d'oser franchir cette barrière invisible qu'elle s'était elle-même imposée. Puis, doucement, la pudeur s'est effacée. Le miroir face à elle reflétait une femme qu’elle redécouvrait, ses courbes douces baignées par la lumière tamisée d'une lampe oubliée allumée. Elle s'observait avec un œil nouveau, celui de l'acceptation, celui du désir.

 

Chaque geste était une révélation, chaque caresse une étincelle. Ses doigts glissaient sur sa peau avec une assurance qu’elle ignorait posséder, trouvant des chemins qu’elle n’avait jamais explorés. Elle ne pensait plus, elle ressentait. La femme qu’elle avait longtemps enfermée, la mère, l’épouse, celle qui avait toujours été au service des autres, se révoltait. Elle devenait sa propre amante.

 

Rencontrer enfin la jouissance libératrice... Elle comprenait ces mots maintenant. Un feu qu’elle pensait éteint depuis longtemps renaissait, consumant doucement mais irrémédiablement les doutes et les regrets. La première onde de plaisir fut comme un choc, une vague qu'elle accueillit dans un murmure étouffé. Ses jambes tremblèrent, ses mains s’agrippèrent à ses draps, et elle perdit pied. Oser, c’était effectivement perdre l’équilibre… mais ne pas oser, ça aurait été se perdre soi-même.

 

Quand elle s'abandonna à cette vague finale, elle sentit une légèreté nouvelle envahir son âme. Là, au cœur de cette nuit silencieuse, une femme libre était née. Elle sourit, ses yeux fixant toujours son reflet. "Je suis moi", murmura-t-elle, avant de laisser ses paupières se fermer sur le frisson qui s’éteignait doucement.

 

Cette nuit-là, elle avait enfin appris que l’abandon à soi était une forme ultime de puissance.



© copyright Marc Vongotha 63


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