dimanche 23 mars 2025

Je suis l’Ombre parmi les Ombres, Madame Tout-le-Monde,

 






Je suis l’ombre parmi les ombres, Madame Tout-le-Monde, 

Oui celle que vous croisez sans jamais vraiment voir.


Ni belle ni laide, juste un visage anodin, une silhouette banale que le monde ignore. Une femme ordinaire, pourrait-on croire. Pourtant, sous cette carapace d’apparences se cache une créature dévorée par des pulsions secrètes et des désirs que nul n’oserait deviner.

 

Je suis celle que vous apercevez au détour d’un rayon de supermarché, ou promenant ses chiens sur un sentier solitaire. Une vie qui semble simple, banale. Mais une fois les volets clos et les ténèbres tombées, c’est une autre femme qui renaît. Une femme libre, indomptée, révoltée par la fadeur du quotidien. Une femme qui embrasse ses interdits avec une ferveur dévorante, ses désirs lubriques, ses fantasmes noirs.

 

Je suis une invisible aux envies effrayantes. Une âme licencieuse qui explore l’alphabet des perversions, de A à un Z que vous n’oseriez imaginer.


Je parle à d’autres ombres comme moi, des hommes et des femmes aux plaisirs insoupçonnés, eux aussi prisonniers de leurs nuits solitaires. Et dans ces échanges, je m’ouvre à ma propre folie, me gode, me tourmente, me perds dans des jouissances que la plupart fuirait avec effroi.

 

Ma réputation ? Détestable, bien sûr. On se méfie des solitaires, de ceux qui ne se mêlent pas aux autres, de ceux qui préfèrent le murmure de leurs propres pensées à la cacophonie sociale. Mais ma solitude n’est pas une prison : elle est mon choix, mon abri. Car comment pourrais-je vivre autrement dans un monde où mes plaisirs suscitent la honte et le dégoût ?

 

Je suis une âme tourmentée, oui. Une créature qui se fouette de ses propres mains, qui s’abandonne aux douleurs délicieuses d’accessoires que j’ai soigneusement choisis pour amplifier mes extases. Une femme qui s’écorche et jouit en silence, par honte peut-être, mais aussi par délectation. Ma rareté est ma malédiction : trop peu sont ceux qui pourraient me comprendre, encore moins m’égaler.

 

Un jour peut-être, qui sait… un démon pervers croisera mon chemin.

Un être aussi sombre, aussi dévoré que moi. Il saura me faire mal, mais je le blesserai aussi. Car si je suis masochiste, je suis également sadique, et j’assume cette dualité. Il faudra qu’il me brise pour me conquérir, et que je l’écrase pour l’aimer.

 

Je suis invisible, mais dans les ténèbres, je deviens une reine. Une femme qui vit ses vérités, qui embrasse ses vices, qui se nourrit de ses douleurs et de ses jouissances pour exister pleinement.

 

Alors regardez-moi bien, la prochaine fois que vous croisez une silhouette banale dans la rue. Peut-être que derrière ce visage sans histoire se cache une âme comme la mienne.


© copyright Marc Vongotha 63