Et si
l'usure du couple, c'était avant tout l'usure de soi ? Que l'on fait payer à l’autre. .. Un sous-produit de nos lâchetés. Lacan
s'est planté : l'amour, ce n'est pas donner ce qu'on n'a pas à quelqu'un qui
n'en veut pas, c'est donner ce qu'on devrait avoir à quelqu'un qui pourrait
bien en vouloir ! Voilà ce que je pense. L'amour fidèle n'est pas un sentiment
ou une paresse, c'est un talent, une manière de défier la vie.
Alexandre
Jardin
Quinze ans après
L’usure
de soi dans le BDSM et le couple en général
Dans une
relation BDSM, où les rôles sont souvent bien définis (dominant(e) et
soumis(e)), l’usure de soi peut se traduire par une incapacité à assumer
pleinement son rôle, qu’il s’agisse de prendre ou de lâcher le contrôle. Ce
déséquilibre peut alors affecter la relation, non parce que le BDSM est en soi
destructeur, mais parce que la vulnérabilité ou la lassitude personnelle finit
par percer les dynamiques soigneusement établies.
Cette
usure peut également être amplifiée par la nature introspective du BDSM, qui
pousse souvent les partenaires à explorer leurs propres limites et désirs. Si
ces explorations ne sont pas menées avec une certaine honnêteté envers
soi-même, elles peuvent dégénérer en un transfert des frustrations personnelles
sur l’autre.
Donner ce
que l’on devrait avoir
Jardin
propose une vision intéressante de l’amour : il ne s’agit pas de donner ce
qu’on ne possède pas, mais plutôt ce que l’on devrait cultiver pour soi-même.
Dans le BDSM, cette idée prend une signification particulière : un(e)
dominant(e) doit avoir confiance en sa maîtrise de soi et en ses capacités, et
un(e) soumis(e) doit être en paix avec sa propre vulnérabilité. Lorsque ces
qualités ne sont pas pleinement développées, la relation peut vaciller.
Cette
réflexion invite à voir le BDSM non pas comme un jeu de pouvoir déséquilibré,
mais comme un défi partagé, où chaque partenaire s’efforce de donner le
meilleur de soi-même. Cela fait écho à la notion que « l’amour fidèle est un
talent » : il ne se résume pas à une impulsion, mais demande un effort
conscient pour surmonter l’usure.
Défier la
vie à travers le BDSM
Le BDSM,
en tant que choix de vie ou pratique, peut-être une manière de défier la
routine et l’usure du couple. Il offre un espace où l’imagination et
l’intensité émotionnelle peuvent revivifier une relation. Mais cela exige que
les partenaires restent ouverts, honnêtes et engagés dans leur propre
croissance personnelle.
En
conclusion, le message d’Alexandre Jardin peut être adapté au BDSM : réussir
une relation BDSM (comme toute autre relation) ne repose pas uniquement sur la
technique ou les pratiques, mais sur la capacité de chaque partenaire à
cultiver en soi ce qu’il ou elle souhaite offrir à l’autre. La fidélité, dans
ce contexte, n’est pas une contrainte, mais une compétence acquise et partagée
dans un défi commun à la vie elle-même.
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copyright Marc Vongotha 63