vendredi 31 octobre 2025

La Sorcière et le Démon

 



 La Sorcière et le Démon



La nuit s’était levée comme une malédiction.

Le vent faisait gémir les portes, et la lune, 

Ronde et blanche, éclairait la clairière où elle l’attendait.

Nue sous un manteau de velours noir, 

La sorcière portait autour du cou un ruban écarlate.

On aurait dit une marque, une promesse faite au Diable lui-même.

 

Elle n’avait pas peur.

Pas cette nuit.

C’était celle du pacte. Celle où les âmes

 Se livrent et où les corps se consument.

 

Il vint sans bruit.

Une ombre d’homme, un souffle de fer et de soufre.

Son regard ne contenait ni tendresse, ni colère. 

Seulement la certitude du pouvoir.

Quand il parla, sa voix fit trembler l’air :

 

« Te voilà prête à me servir, à m’appartenir, 

A être marquée par la nuit. »

 

Elle inclina la tête.

Le démon posa sa main sur son épaule, et tout sembla

 S’effacer autour d’eux : le vent, la terre, le froid.

Il n’y avait plus qu’elle  et lui  et ce lien 

Invisible qui serrait son âme.

 

La clairière devint sanctuaire.

Les flammes du cercle dansèrent plus haut, 

Projetant sur leurs peaux des ombres mouvantes.

Les murmures anciens s’élevèrent, pareils à 

Des prières que nul mortel ne devait entendre.

 

Chaque geste du démon semblait un rite :

 Lent, calculé, d’une précision sacrée.

La sorcière plia sous la force du sort, 

Entre dévotion et effroi.

Mais plus il la dominait, plus elle s’offrait.

Plus elle s’offrait, plus elle se sentait libre.

 

Quand le pacte fut scellé, le feu s’éteignit d’un seul coup.

Le silence retomba comme une caresse.

La sorcière leva les yeux : le démon avait disparu.

Mais dans son regard brillait encore la flamme.

Celle du mal, du plaisir, et de la soumission absolue.

 

Cette nuit-là, elle ne fut pas damnée.

Elle fut révélée.


© copyright Marc Vongotha 63