Le fruit
défendu n’est pas ce qu’on croit.
Il se
tient là, ligoté, dans l’attente.
Ève avait
un serpent.
Elle, un
Maître.
Et la
même faim du fruit interdit.
Tentation
Elle est
là, offerte, belle dans sa retenue.
Une brunette au corps tendu,
les mains liées derrière le dos,
Le souffle saccadé sous le foulard
Noir qui la plonge dans l’ombre.
Elle ne voit plus rien, mais sent tout
Le cuir qui la marque, le silence du Maître,
le danger suspendu.
Devant sa
bouche entrouverte, la pomme, rouge,
Éclatante, presque vivante entre ses doigts.
Le fruit
défendu, celui qu’on ne désire
Que parce qu’il est interdit.
Elle ne
voit plus, mais elle sent tout.
La pomme
n’est qu’un prétexte…
Le
véritable fruit défendu, c’est elle.
Il ne lui
ordonne rien.
Il suffit
qu’il tende la pomme…
Et elle
se perd toute seule.
Le Maître
la laisse respirer son parfum,
Frôler sa
surface du bout des lèvres.
Le geste
est lent, précis, cruel.
Chaque
centimètre d’attente est une caresse invisible.
Elle
gémit faiblement, entre la faim et la peur.
Puis elle
ose
Sa langue
glisse contre la peau lisse,
Et la
première morsure est un cri étouffé,
Un
mélange de plaisir et de soumission.
Le jus
sucré s’écoule sur ses lèvres,
Descend
le long de son menton,
Puis sur
sa gorge offerte, brillante sous la lumière.
Le Maître
regarde, impassible.
Il la
laisse se salir de désir, s’humilier de volupté.
Elle sait
qu’elle vient de désobéir.
Elle a
mordu avant qu’il ne le lui ordonne.
Mais il
ne la punit pas — pas encore.
Il
approche la pomme à nouveau, la presse contre sa bouche,
Jusqu’à
ce qu’elle la suce, la lèche, la dévore comme une offrande.
Dans le
silence, il murmure enfin :
Voilà ce que tu es… la tentation elle-même.
Et elle
comprend :
Le fruit
défendu, ce n’est pas la pomme.
C’est
elle.
© copyright Octobre 2025 Marc Vongotha 63
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