dimanche 6 avril 2025

Leone Frollo : Des grandes plaines du western à l’univers troublant de l’érotisme Dessiné

 


 Leone Frollo : des grandes plaines du western à l’univers troublant de l’érotisme dessiné

 



Le parcours singulier d’un maître italien du fantasme graphique

 

Leone Frollo (1931–2018) fait partie de ces dessinateurs inclassables, ayant traversé les genres et les époques, jusqu’à s’imposer comme une référence incontournable dans l’univers de la bande dessinée érotique. Sa carrière débute dès 1948 avec Sui Grandi Laghi (« Sur les grands lacs »), un western aux grands airs d’aventure classique. Mais c’est bien plus tard, dans des eaux bien plus sensuelles, qu’il déploiera toute sa subtilité graphique.

 

Entre 1958 et 1968, Frollo travaille à l’agence Fleetway de Londres, produisant des histoires de guerre pour le marché britannique. Loin de l’érotisme, cette décennie le forme à la rigueur du dessin narratif et à l’efficacité du découpage. Mais l’Italie des années 1970-80 s’ouvre à d’autres désirs, d’autres formes d’imaginaire…

 

Quand Blanche-Neige se dénude : Biancaneve et l’explosion d’Edifumetto

 

C’est à partir du milieu des années 1980 que Frollo entame sa mue artistique. Il plonge alors dans l’érotisme et la sensualité pure, collaborant avec la légendaire maison d’édition italienne Edifumetto, spécialisée dans les fumetti pour adultes. Il y crée Biancaneve, une variation sulfureuse du conte de Blanche-Neige. Ici, la princesse devient un être voluptueux, prisonnière de ses désirs, évoluant dans un univers à la fois féérique, grotesque et débridé.

 

En France, cette série paraît chez Elvifrance sous le titre Contes malicieux, véritable bible de la BD licencieuse des années 70-80. Les amateurs y retrouveront des thèmes chers au BDSM : domination, tentation, ambivalences des figures féminines et masculines, dans une esthétique délicieusement rétro.

 

Une esthétique douce, presque sucrée, pour des scènes de débauche délicate

 

Frollo est un paradoxe fascinant : ses personnages semblent sortir de cartes postales anciennes, avec leurs boucles sages et leurs corsets serrés. Mais derrière ces visages angéliques, tout explose. Les postures sont lascives, les corps tendus par le plaisir ou l’attente, les regards chargés de soumission ou de provocation. Il y a chez lui un raffinement érotique qui flirte avec la perversion polie — le BDSM y est souvent suggéré, contenu, d’autant plus troublant.

 

De la BD aux illustrations fines : Mona Street, Diva, et le dernier souffle érotique











Après 1987, Leone Frollo change de cap stylistique et produit plusieurs œuvres destinées au marché français : Malicieusement femmes, Diva et surtout Mona Street. Cette dernière série raconte les aventures érotiques d’une jeune diplômée américaine au début du XXe siècle. C’est à la fois une chronique sociale, une initiation aux plaisirs du corps et un bijou graphique à la sensualité subtile.

 

Ce sera sa dernière bande dessinée. Par la suite, Frollo délaissera les planches pour se consacrer à des œuvres uniques sur papier : aquarelles, pastels, dessins au crayon. Son style devient plus libre encore, et plus onirique. L’univers BDSM n’y est pas toujours frontal, mais toujours en filigrane, dans les jeux de poses, les accessoires, ou les regards d’attente.

 

Héritage et influence

 

Leone Frollo laisse derrière lui un héritage singulier : une sensualité élégante, rétro, parfois teintée de cruauté douce. Il n’a pas cherché à choquer, mais à éveiller — dans l’intimité du regard, il a mis en scène des fantasmes sans jamais les juger.

 

Dans l’univers BDSM, son œuvre peut sembler trop “douce” pour certains. Pourtant, c’est dans cette douceur même que se cachent les promesses les plus brûlantes. Entre les lignes de ses dessins, tout est possible : le fouet, la contrainte, la reddition.




Ce recueil regroupe l'ensemble des histoires courtes de Leono Frollo, depuis ses premiers pas dans l'érotisme dessiné, au cours des années 1970, jusqu'à ses bandes dessinées publiées dans Diva, l'élégante revue italienne des années 1980. La Belle Éplorée, qui donne son titre au recueil, est un hommage à John Willie. Ses autres histoires balayent tous les genres : aventure, science- fiction, bondage.














Vaste programme dans le bordel tenu par madame Georgette : il suffit d'allonger, puis de s'allonger. Dans "Meules d'or", une nouvelle prostituée refuse de montrer son sexe, on se demande pourquoi... Dans "Seize trous pour un mâle", il ne faut pas forcément seize trous pour un mâle. Dans "Le Roi des baiseurs", Arsène Lapine s'adonne au passe-passe pour ne pas payer ses passes. Trois nouvelles histoires érotico-porno pour se fendre la pipe. Casino est la série culte de l'immense Leone Frollo, surnommé le lion de Venise, l'égal de Manara et Crepax. On lui doit de magnifiques dessins qui célèbrent les prostituées, femmes fatales et les pin-up. C'est la première fois que Casino paraît en France non censuré, en respectant le principe du format d'origine.









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